Journée historique en Colombie : Gustavo Petro est devenu dimanche 19 juin 2022 le premier président de gauche du pays. Il a obtenu 50,44% des voix tandis que son adversaire, Rodolfo Hernandez, a réunit 47,31%, selon les résultats provisoires (2,25% représentent le vote blanc, car celui c est comptabilisé dans les suffrages exprimés dans ce pays d'Amérique du Sud). L'abstention est de 42 %, la plus faible depuis le début du XXIe siècle. 11,2 millions de personnes ont voté pour M. Petro, soit 700 000 de plus que celles de M. Hernandez.

A l'issue du premier tour dimanche 29 mai, le candidat de la gauche radicale sortait déjà largement vainqueur puisqu'il recueillait 40% des suffrages et affrontait l'homme d'affaires et candidat indépendant (28%) pour le second tour de l'élection présidentielle. La qualification de M. Hernandez était une surprise car par le passé, le candidat de droite atteignait toujours le second tour puis était élu. Comme prévu, la course a été serrée et Petro a gagné avec une très faible marge.

Premier président de gauche et première vice-présidente noire

Gustavo Petro, 62 ans, ancien maire de Bogota et sénateur, se présentait pour la troisième fois à l'élection présidentielle. Son programme politique de gauche radicale était d'améliorer l'économie chancelante du pays, en particulier en s'attaquant au taux d'inégalité, qui est l'un des pires au monde. Il a proposé des réformes fiscales et des changements de politique dans la manière dont les cartels de la drogue et autres groupes de milices sont traités. Son plan pour attirer les investissements étrangers dans les secteurs des transports, des télécommunications et de l'énergie du pays est son autre atout. Bien qu'ancien combattant de la guérilla, il encourage aujourd'hui la fin de la violence et promeut la réconciliation dans le pays.

"Les partisans de Rodolfo Hernandez pourront venir dialoguer avec nous quand ils veulent (...). L'opposition, quelle qu'elle soit, sera toujours la bienvenue pour dialoguer", a promis M. Petro.

La vice-présidence devient Francia Márquez, la première Afro-colombienne de Colombie à occuper une fonction aussi élevée. Marquez, est une mère célibataire relativement jeune qui a réussi à obtenir la troisième position lors des élections primaires tenues en mars. Marquez est nouvelle en politique par rapport à son Petro, qui a plus de vingt ans d'expérience. La militante charismatique et écologiste représente un mouvement constitué de nouveaux électeurs soucieux de préserver l'environnement, les droits LGBTQ, l'égalité des sexes et l'égalité des chances économiques pour tous et a apporté avec elle le soutien énorme de la communauté afro-colombienne.

Une tendance à de nouveaux gouvernements de gauche en Amérique du Sud

La Colombie est maintenant un autre pays d'Amérique du Sud qui a choisit un gouvernement de gauche, après des pays comme le Honduras, le Pérou et le Chili qui ont récemment voté pour un changement similaire. C'est un tremblement de terre dans un pays où la droite et les modérés qui ont toujours gouverné depuis deux siècles.

Lors de la précédente élection en 2018, le candidat de l'establishment Iván Duque avait été élu contre Petro, mais a fait face à des manifestations de rue massives l'année suivant son élection, et qui se sont intensifiées en 2021 avec la plupart des villes paralysées et des manifestations de rue pendant 2 mois à travers le pays.

"J'ai appelé Petro Gustavo pour le féliciter en tant que président élu du peuple colombien", a annoncé sur Twitter le président conservateur sortant, Ivan Duque, qui ne pouvait pas se représenter. "Nous avons convenu de nous rencontrer dans les prochains jours pour entamer une transition harmonieuse, institutionnelle et transparente", a-t-il ajouté.

Le nouveau gouvernement entrera officiellement en fonction le 7 août.

Réactions aux États-Unis

Les États-Unis sont la principale destination des exportations et source d'importations de la Colombie, alors que pour les autres pays d'Amérique du Sud, la Chine est le principal partenaire économique.

Aux États-Unis, certains représentants du parti Républicain sont profondément inquiets du changement, qualifiant le président colombien nouvellement élu de "terroriste" et de "voleur" et appelant l'armée américaine à intervenir... un souvenir des pires manoeuvres au milieu du 20ème siècle quand l'Amérique du Sud était considérée comme la cour arrière des États-Unis.

Republican Rep. Salazar calls Colombia’s leading presidential candidate .@petrogustavo a “terrorist” and a “thief” without having any proof of such accusations. Such language shouldn’t be taken lightly when these are the most violent elections in recent years. (.@AOC) https://t.co/UsQGbGQh3D

— Robert Valencia (@rvalentwit) May 29, 2022

The election in Colombia of a former narco-terrorist Marxist is troubling and disappointing. The spread of left-wing totalitarian ideology in the Western Hemisphere is a growing threat. Florida stands with Colombian Americans on the side of freedom. pic.twitter.com/0O7UVccH6M

— Ron DeSantis (@GovRonDeSantis) June 20, 2022

Toutefois, bien que les nouvelles autorités colombiennes annoncent vouloir faire les choses différemment, par exemple en renégociant des parties de l'accord de libre-échange américano-colombien, notamment pour mettre en œuvre plus d'égalité et lutter contre la pauvreté, il est probable que l'administration Biden cherchera à maintenir des liens étroits avec la Colombie.

"Nous avons l'intention de maintenir une relation stratégique avec la Colombie. C'est très important pour les deux pays, pour les économies des deux pays, pour la sécurité des deux pays" a déclaré l'ambassadeur des États-Unis en Colombie, Philip Goldberg.

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