Les étudiants européens vont perdre toutes leurs réductions

Les étudiants de l'UE, de l'EEE et de la Suisse bénéficiaient auparavant de tarifs étudiants locaux s'ils étudiaient au Royaume-Uni - identiques à ceux payés par les étudiants britanniques (et parfois moins cher).

Les frais universitaires (ou également appelés frais de scolarité) varient selon les différentes nations formant le Royaume-Uni. En Angleterre, les programmes de licence montaient jusqu'à 9250 £ par année universitaire, tandis qu'au Pays de Galles, ils étaient plafonnés à 9000 £ par an. En Écosse, les frais de premier cycle étaient gratuits pour tous les étudiants écossais et de l'UE/EEE. Cependant, le Brexit a changé tout cela.

Les conditions prévalant jusqu'en 2020

Les frais de scolarité ont été introduits pour la première fois en septembre 1998 sous le gouvernement travailliste de Tony Blair; les étudiants devaient payer jusqu'à 1000 £ par an pour les frais de scolarité (donc généralement 3000 £ pour une licence sur 3 ans). En 2003, malgré les promesses de ne pas imposer de frais supplémentaires, le parti travailliste a augmenté les frais de scolarité à 3 000 £ par an après avoir remporté les élections générales. En 2012, les frais de scolarité ont été augmentés à 9000 £/an, sous le gouvernement de coalition Conservateur-Libdems (et ceci bien que les Libdems aient mené toute leur campagne sur l'engagement de supprimer les frais de scolarité - ce revirement a consécutivement détruit le parti).

Toutefois, l'Écosse et le Pays de Galles décidèrent de ne pas appliquer une politique unique sur les frais universitaires.

En Écosse, le montant dépendait du statut des éudiants : les frais les plus bas étaient payés par les étudiants écossais et les étudiants des pays de l'UE (appelés étudiants «Home» - à la maison) et ils étaient généralement couverts par la Student Awards Agency for Scotland (SAAS) pour les diplômes de premier cycle ; les étudiants d'Angleterre, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord devaient payer des frais de scolarité plus élevés que les étudiants locaux (généralement 9 250 £ pour les trois premières années), mais ils payaient généralement la même chose pour les diplômes de troisième cycle (5 000 à 15 000 £) ; les étudiants extérieurs au Royaume-Uni et à l'UE entraient dans la catégorie des étudiants «internationaux» et payaient des frais de scolarité encore plus élevés (10 000 £ - 30 000 £).

Au Pays de Galles, le gouvernement local décida de ne pas réduire les frais de scolarité de l'étudiant mais de compenser l'étudiant gallois en fournissant un financement aux étudiants de premier cycle ; cela signifie qu'en plus des prêts pour frais de scolarité et d'une aide pour frais de subsistance (la subvention pour l'éducation du gouvernement et un prêt d'entretien peuvent fournir un financement combiné de 8 790 £ à 12 930 £), les étudiants gallois peuvent obtenir de 1000 £ à 8100 £ déduis du remboursement de leur prêt.

Le nouveau barême de frais se traduit par une forte augmentation pour les étudiants de l'UE

• Les frais ne sont plus plafonnés pour les étudiants de l'UE/EEE.
• Les augmentations attendues dans les universités publiques britanniques peuvent être de trois à quatre fois plus élevées.
• Une année de premier cycle peut coûter entre 30 et 40 000 £ selon le type de diplôme (notamment les études de médecine).
• Les universités privées peuvent devenir encore plus chères.
• Selon le site MastersPortals, auparavant une maîtrise en égyptologie coûterait 12968 €, mais maintenant après le Brexit, le même diplôme vous coûtera 29047 € - presque plus du double!
• Les étudiants de l'UE/EEE et de la Suisse ne sont plus éligibles à aucune aide financière à partir de 2021. Cependant, les étudiants qui ont obtenu cette aide financière en 2018, 2019 et 2020 seront toujours admissibles à l'aide jusqu'à ce que leur cycle d'études soit terminé.

Une conséquence directe des nouvelles règles est que le gouvernement écossais mettra fin aux frais de scolarité universitaires gratuits pour les étudiants de l'Union européenne à partir de la rentrée 2021 (c'est-à-dire que tous les étudiants non-britanniques seront traités de la même manière, avec les frais internationaux). Les autorités écossaises affirment que le maintien de cette politique préférencielle augmenterait considérablement le risque de contestation judiciaire.

Quelques exceptions à la nouvelle règle

Les étudiants répondant à certains critères peuvent toutefois demeurer sous les anciennes règles :

1. Les étudiants de l'UE/EEE et suisses déjà inscrits dans une université britannique.
2. Les étudiants de l'UE/EEE et suisses qui ont commencé leur année universitaire en septembre 2020.
3. Les étudiants de l'UE/EEE arrivés au Royaume-Uni après le 1er janvier 2021 et qui commenceront leurs études avant le 31 juillet 2021.
4. Les étudiants irlandais résidant au Royaume-Uni ou en Irlande.
5. Certains ressortissants de l’UE/EEE et de la Suisse qui bénéficient des droits des citoyens en vertu de l’accord de retrait UE-Royaume-Uni, de l’accord de séparation EEE-AELE ou de l’accord sur les droits des citoyens suisses.
6. Certains étudiants étrangers qui se sont inscrits en 2020, 2019 ou 2018 et qui prévoient terminer en 2021 ou plus tard sont exemptés de cette nouvelle décision. Ces étudiants internationaux sont éligibles au «statut de frais locaux» et peuvent demander un prêt étudiant même si le cours sera terminé après 2021.

Les frais de scolarité maximum que les universités d'Irlande du Nord peuvent facturer sont de 9250 £ par an pour les étudiants de Grande-Bretagne et de l'UE de façon identique; toutefois, si vous êtes un résident d'Irlande du Nord (ou de la République d'Irlande) étudiant dans le pays, vous pouvez vous attendre à payer moitié moins (4530 £). Comme au Pays de Galles, vous pouvez obtenir un mélange de bourse et de prêts du gouvernement local (également applicable dans le reste du Royaume-Uni, selon le site Internet de l'Université d'Ulster). Les étudiants internationaux paieront beaucoup plus (environ 15 000 £). A la date de cet article, il n'y a pas encore d'informations sur les conditions pour les étudiants de l'UE après 2022, mais il existe un accord spécifique entre la République d'Irlande et le Nord de l'Irlande pour ne pas discriminer les étudiants des deux pays.

Règles de visa pour les étudiants de l'UE

• Les étudiants étrangers arrivés avant le 1er janvier 2021 n'ont pas besoin de visa. Cependant, ils doivent faire une demande de "Settle Status" s'ils prévoient de rester au Royaume-Uni pour terminer leur cours. Les étudiants sont invités à postuler dès leur arrivée au Royaume-Uni, la date limite étant le 30 juin 2021.
• Les étudiants arrivant après le 1er janvier 2021 auront besoin d'un visa étudiant si le cours s'étend sur plus de six mois.
• La demande de visa doit être remplie et approuvée avant leur arrivée au Royaume-Uni.
• Les frais de demande de visa sont de 348 £ et ils doivent détenir un passeport valide ou un autre document de voyage.
• La demande de visa, la vérification d'identité peuvent être complétées à l'aide d'une application qui peut être téléchargée sur n'importe quel smartphone.
• Si l'étudiant n'a pas de passeport biométrique ou d'accès à l'application, il peut obtenir plus d'informations auprès du centre de demande de visa de son pays d'origine.
• Les étudiants doivent également payer la surtaxe concernant les frais de santé, qui leur donne accès au National Health Service (NHS) du Royaume-Uni. La surcharge est toutefois réduite à 470 £ par an pour les étudiants.
• Les étudiants de l'UE titulaires d'une carte européenne d'assurance maladie (CEAM) délivrée par un État membre de l'UE et qui sont des étudiants à temps plein au Royaume-Uni peuvent demander le remboursement de cette surtaxe pour frais de santé.
• Les visas étudiants peuvent être demandés jusqu'à six mois avant le début du cours. Un complément d'informations sur les visas d'étudiants peut être obtenu ici.

Qu'en est-il du travail au Royaume-Uni après l'obtention de son diplôme?

• Tous les étudiants européens et internationaux peuvent postuler à la Graduate Route à partir de janvier 2021, ce qui leur permet de rester au Royaume-Uni pendant deux ans après leurs études pour travailler.
• Les étudiants arrivés avant le 1er janvier 2020 et ayant obtenu le statut dans le cadre du programme d'établissement de l'UE peuvent continuer à vivre et travailler au Royaume-Uni.

Le programme d'échange Erasmus + sera remplacé par le programme Turing

Le programme Erasmus + est financé par l'UE pour renforcer l'éducation, les sports, la formation et la jeunesse en Europe. Il dispose d'un budget massif de 26,2 milliards d'euros et se concentre sur l'inclusion sociale, les transitions numériques et écologiques et encourage la participation des jeunes à la démocratie. Le programme soutient, entre autres, l'enseignement supérieur, l'école et l'éducation des adultes.

Le Royaume-Uni a pleinement coopéré avec le programme Erasmus + jusqu'à la fin de 2020. Toutes les initiatives financées avant cette date se poursuivront donc pendant toute la durée des programmes. Cela comprend les étudiants britanniques partant à l'étranger et les étudiants européens venant au Royaume-Uni.

Cependant, le programme Turing remplacera la présence du Royaume-Uni dans Erasmus + à partir de 2021. Ce programme encouragera la participation internationale en offrant aux étudiants des opportunités de stages ou d'échanges internationaux. Il s'agit d'une tentative de connecter les universités britanniques à certaines des meilleures universités internationales.

Les conséquences catastrophiques du Brexit pour les universités du Royaume-Uni

• Les universités britanniques seront durement touchées par les décisions du Brexit, et la situation désastreuse est encore aggravée par la pandémie et les restrictions de voyage.
• On pense que le Brexit coûtera aux universités britanniques environ 62,5 millions de livres sterling par an et environ 57% des étudiants de première année de l'UE.
• De nombreux étudiants européens qui trouvent le Royaume-Uni trop cher après le Brexit envisagent des destinations alternatives comme les Pays-Bas, l'Allemagne et la France.
• Le Russell Group (un groupement de certaines des meilleures universités britanniques) a déclaré qu'il travaillerait en étroite liaison avec le gouvernement pour obtenir les meilleures conditions post-Brexit. Si les universités les plus prestigieuses comme Oxford et Cambridge ne s'attendent pas à voir une baisse des admissions, ce n'est pas le cas de nombreuses autres universités britanniques pour lesquelles la situation pourrait être catastrophique.
• Il y a d'autres discussions au sein du gouvernement selon lesquelles limiter l'immigration future pourrait inclure l'immigration d'étudiants. Cela pourrait rendre encore plus difficile les études au Royaume-Uni pour les étudiants internationaux.
• Bien que la plupart des universités britanniques aient des classements internationaux élevés, les obstacles à l'immigration future pourraient pousser les meilleurs universitaires européens vers des pays alternatifs, entraînant une baisse de la qualité de la recherche et de l'enseignement au Royaume-Uni. Le financement de la recherche par l'UE est également extrêmement menacé pour les universités britanniques après le Brexit.

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