L'impact de la mondialisation de l'éducation



Publié le 2022-12-10 20:49:57
Les nouveaux diplômés portant des robes noires de l’Académie jettent des chapeaux en l’air - Credit: Pixabay

De plus en plus d'étudiants voyagent désormais à l'étranger pour suivre des études, en particulier dans l'enseignement supérieur. Les raisons sont nombreuses, mais avant tout dans un but de mobilité internationale, de poursuite d'une carrière à l'étranger et pour améliorer leur statut social une fois rentré chez eux, s'ils le souhaitent. Mais qui sont ces étudiants et quel est l'impact de leurs choix ?

Avec la mondialisation qui s'étend à tous les coins du monde, il y a une interconnexion croissante des économies avec plus de commerce et un plus grand échange de connaissances entre les nations.

Depuis ces dernières années (hors période de Covid), un nombre croissant d'étudiants ont choisi de s'inscrire dans des universités internationales pour poursuivre des études supérieures.

Des frais peu élevés en europe alors que les pays anglosaxons sont très chers

Lorsqu'on se cantonne à l'éducation, la migration internationale montre un flux de mouvement de l'est vers l'ouest et généralement des pays non anglophones vers les pays anglophones.

Malgré des frais de scolarité très élevés, les principales destinations des étudiants internationaux restent les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie qui, ensemble, accueillent chaque année une forte proportion de tous les étudiants internationaux.

Quelles destinations choisissent les étudiants occidentaux ?

En Europe, la répartition des richesses est inégale, certaines nations s'en tirant beaucoup mieux économiquement et socialement que leurs voisins. Par exemple, de nombreux étudiants d'Europe de l'Est considèrent l'Europe de l'Ouest comme leur objectif et accusent leur passé communiste d'avoir été à l'origine d'une disparité de richesse.

La possession d'un passeport européen et l'obtention de la bourse ouvriront la voie à une migration réussie vers l'Europe occidentale.

Le programme d'échange Erasmus a peut-être été l'une des initiatives les plus réussies de l'UE pour soutenir et renforcer son avantage concurrentiel dans l'économie mondiale de la connaissance et pour encourager la coopération au sein de l'UE. Ce programme a été créé en 1987 et impliquait des étudiants en échange - une partie de leur diplôme pouvait être obtenue dans une université d'un autre État de l'UE.

Une destination appréciée par les étudiants d'Europe de l'Est est le Danemark. En 2017, environ 35% de tous les étudiants internationaux du Danemark venaient d'Europe de l'Est. Cette tendance peut être attribuée au système danois de bourses aux étudiants. Cette bourse de 780 € est accordée à tous les étudiants de l'UE qui travaillent 10 à 12 heures par semaine, en plus du salaire qu'ils gagnent.

Malgré cela, environ 45% des étudiants internationaux quittent le Danemark peu de temps après avoir obtenu leur diplôme. Comme l'éducation est gratuite au Danemark pour tous les citoyens de l'UE, ces étudiants qui partent créent en fait un déficit financier pour le Danemark.

Comment le coût de l'enseignement supérieur impacte certains pays

Dans des pays comme le Royaume-Uni, l'Australie et bien sûr encore plus aux États-Unis, le coût de l'éducation est exorbitant pour les étudiants étrangers et ils sont devenus une source de revenus essentielle qui contribue grandement au système éducatif local.

La plupart des pays de l'UE et de l'EEE ne facturent pas de frais de scolarité pour l'enseignement supérieur. On peut citer le Danemark, la Finlande, la Grèce, la Hongrie, la Suède... etc. D'autres ont des frais d'inscription très faibles comme la France (de 190€/an pour la licence à 400€/an pour un doctorat), l'Islande, l'Allemagne (programmes secondaires), les Pays-Bas, etc.

Habituellement, les pays européens n'offrent des cours gratuits qu'aux étudiants des pays membres de l'UE et de l'EEE. Cependant, certains pays comme l'Allemagne et la Norvège offrent des cours gratuits à tous les étudiants, quelle que soit leur nationalité. Et même lorsqu'ils facturent des frais de scolarité aux étudiants étrangers, ils ont tendance à être bien inférieurs à ceux des collèges et universités aux États-Unis ou au Royaume-Uni.

Cette disparité dans les systèmes éducatifs transforme la mondialisation de l'éducation en marchandise à grande valeur ajoutée dans certains pays, mais en paralyse potentiellement d'autres financièrement. Certains pays de l'UE comme la France ont très récemment décidé de facturer des frais beaucoup plus élevés pour les étudiants hors UE et EEE.

La fuite des cerveaux acceptée

En 1965, environ 250 000 étudiants étudiaient à l'étranger. Aujourd'hui, ce nombre s'élève à 5,6 millions d'étudiants étrangers dans le monde. Cela est largement dû à l'augmentation des niveaux de mobilité de la main-d'œuvre où les professionnels sont prêts à se déplacer à l'étranger pour faire avancer leurs objectifs de carrière.

Ces statistiques sur les étudiants internationaux ont suscité de nombreuses critiques. Des voix provenant de diverses disciplines ont reproché à l'occident industrialisé d'attirer les talents des pays à faible revenu, créant une fuite massive des cerveaux dans ces pays.

Le terme « fuite des cerveaux » a été utilisé pour la première fois après la guerre mondiale pour décrire le mouvement des scientifiques et universitaires britanniques et européens vers les États-Unis. Ce mouvement de personnes très instruites a eu (et a encore) des implications économiques étendues et directes dans les pays qu'ils quittent.

Les points de vues critiques soutiennent que les nations les plus prospères ont l'obligation d'encourager les diplômés étrangers à rentrer chez eux et à aider à développer leur pays d'origine.

« En accélérant la fuite des cerveaux en Afrique et en Asie, nous affaiblissons leurs capacités institutionnelles. Cela signifie que des endroits comme les hôpitaux et les universités ne seront pas en mesure de faire face à ces énormes défis comme les pandémies, le changement climatique et les inégalités », a récemment observé Adam Habib, un Sud-Africain qui est maintenant directeur de l'École des études orientales et africaines de l'Université de Londres, dans The Guardian.

Cependant, avec la mondialisation croissante du 21e siècle, la fuite des cerveaux apparait maintenant comme un phénomène acceptable et normal par la grande majorité des populations, même si les effets sociaux et économiques négatifs se font encore sentir de manière très aiguë dans les pays qui subissent la perte.

Les changements apportés aux politiques des gouvernements occidentaux, comme la facilité de certaines demandes de visa de travail et les possibilités d'acquisition de la citoyenneté, ont encouragé les étudiants internationaux à demeurer dans le pays d'accueil une fois leur diplôme obtenu, en fournissant une main-d'œuvre qualifiée et en contribuant aux économies de ces pays.

Ainsi, près de 70 % des titulaires de doctorat chinois et indiens aux États-Unis choisissent d'y rester après leurs études, et le Canada a récemment décidé de prolonger les permis de travail post-diplôme afin d'encourager leur croissance économique. Ces diplômés restent parce qu'ils ont accès à de meilleures opportunités de carrière et une rémunération plus important. Beaucoup de ces diplômés restent également pour poursuivre plus loin leurs études tandis que d'autres recherchent d'autres opportunités d'emploi à l'étranger.

En Russie, un sondage dans les principales universités a révélé qu'environ 50% de leurs étudiants partent pour poursuivre leurs études de troisième cycle dans d'autres pays.

Pour faire face aux effets négatifs de cette fuite d'individus hautement compétents, la Commission européenne a introduit une nouvelle politique en 2021, appelée Talent Partnerships, qui consiste à rendre légale l'immigration de main-d'œuvre qualifiée de certains pays, comme l'Égypte et le Maroc. Ils considèrent ce programme comme un "gain de talents" plutôt que comme une fuite des cerveaux, car le programme comprend une coopération au développement des pays partenaires.

"Nous avons besoin d'une immigration légale : la population européenne en âge de travailler diminue et de nombreux secteurs clés sont confrontés à des pénuries de compétences, comme la santé et l'agriculture" a déclarée la commissaire européenne Ylva Johansson.

Mais les critiques s'empressent de souligner que ce programme est biaisé en faveur des pays plus riches. Ils affirment que cette politique consiste à "former" les talents des pays à faible revenu pour un emploi dans les pays à revenu élevé.


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Rubrique:
Education

Auteur: KashGo
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