Alors que nous parlions lundi dernier, ici même, de l'étude du Liepp (Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques) de Sciences Po publiée en mars 2014 et montrant que contrairement à la perception générale il n'y a pas en France de fuite massive des personnes les plus qualifiées, la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) publie elle aussi son étude sur le sujet.
Dans une note intitulée "Trop d’émigrés ? Regards sur ceux qui partent de France", le Fondapol aboutit au meme constat sur la grande difficulté à disposer de chiffres fiables et complets sur l’émigration: "L’étude de l’émigration française se heurte rapidement à une difficulté majeure : Il n’existe aucune comptabilité officielle, seulement des estimations". Le rapport du Fondapol indique:
"Au 30 avril 2013, un peu plus de 1,6 million de nos compatriotes étaient inscrits [au registre des Français de l'étranger]. Mais en raison du caractère non obligatoire de l’enregistrement, ce chiffre est incomplet. En plus du Registre, la France, via son réseau consulaire, dispose d’informations faisant état de près de 500 000 Français supplémentaires résidant à l’étranger. Ces deux sources (Registre mondial et réseau consulaire) permettent donc d’avancer un chiffre supérieur à 2 millions de ressortissants français établis hors de nos frontières. C’est l’unique chiffre « semi-officiel » dont nous disposons, et bien que précieux, il ne semble correspondre qu’à une fourchette basse de la réalité. Beaucoup d’émigrés, notamment lorsqu’ils partent dans un pays de l’Union européenne, ne se manifestent jamais auprès des autorités, et échappent à la comptabilité nationale."
L'étude propose quelques solutions, en fonction des émigrants, intéressantes pour remédier (ou plutot accompagner) cette émigration:
Toutefois les conclusions de l'étude sont très négatives et décrivent un profond malaise, voire une situation alarmiste:
"Il semblerait bien que le lien de confiance entre les nouvelles générations et la France soit menacé. [...] L’acte de quitter son pays pour « améliorer ses conditions d’existence » est l’illustration d’un malaise profond. La France doit donner les moyens à sa jeunesse d’avoir le choix, celui de partir, mais également celui de rester pour investir, entreprendre et prospérer".
Il serait bon de nuancer cette vision en la mettant en perspective avec les nombreuses autres études montrant que si la tendance à l'émigration est à la hausse, la France est plutot en dessous de la moyenne des autres pays de l'OCDE. Et au final, cette expatriation est peut etre autant (sinon plus) le fait d'un monde que nous percevons simplement de plus en plus mondialisé.
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