Pendant quatre ans, Le slogan «America First» de Donald Trump aura engendré malaise et gêne pour de nombreux étrangers. Sur la scène internationale, du Moyen-Orient au changement climatique, les États-Unis semblaient en désaccord avec le reste du monde. Sur le plan interne, la politique officielle était de décourager tous les migrants à venir, en interdisant l'accès à de nombreux pays musulmans et en supprimant de nombreux programmes de visa. Une gouvernement Bidden-Harris promet de revenir sur tout cela.

Réformes de l'immigration aux États-Unis

Forbes a publié, au début du mois de novembre, un article sur la politique d'immigration de Biden. Le magazine écrite :

"D'ici 2021, Donald Trump aura réduit l'immigration légale jusqu'à 49% depuis qu'il est devenu président - sans aucun changement dans la loi américaine sur l'immigration, selon une analyse de la National Foundation for American Policy (NFAP). La réduction de l'immigration légale nuit le plus aux réfugiés, aux employeurs et aux américains qui veulent vivre avec leur conjoint, leurs parents ou leurs enfants, mais cela affecte également la future main-d’œuvre et la croissance économique du pays"

Un décret d'avril 2020 a bloqué l'entrée d'immigrants légaux aux États-Unis dans presque toutes les catégories de visas, y compris les migrants avec contrat de travail. Un décret de juin 2020 a suspendu l'entrée de ressortissants étrangers dans le cadre des programmes de visas H-1B, H-2B, J et L. En octobre, le gouvernement Trump a publié 3 nouvelles réglementations qui restreignent les visas H-1B, avec notamment l'élimination de la loterie H-1B.

La campagne de Biden a qualifié la politique de Trump de "honte nationale". Actuellement, le nombre de visas de travail est plafonné à 140 000 par an (le plafond annuel total des cartes vertes disponibles pour les Indiens est de 20 000, ce qui a entraîné un allongement des temps d'attente à plusieurs décennies). Le nouveau gouvernement prévoit de travailler sur une série de réformes pour annuler les restrictions de Trump sur l'immigration. Certains des changements incluent:

• Augmenter le nombre de visas hautement qualifiés, y compris les H-1B (visas pour les travailleurs hautement qualifiés) qui devraient profiter principalement à des dizaines de milliers de professionnels indiens.
• Rétablir les permis de travail aux conjoints de visas H-1B (visas H-4 EAD ; leur suppression a eu un impact négatif sur un grand nombre de familles indiennes aux États-Unis.
• Rétablissez le programme DREAMers, qui permet aux enfants d'immigrants sans papiers de rester aux États-Unis.
• Mettre en place un processus d'allocation basé sur les salaires et mettre en place des mécanismes d'application pour s'assurer qu'ils sont alignés sur le marché du travail et non utilisés pour baisser le coût de la main d’œuvre locale.
• Exempter de tout plafond les récents diplômés de doctorats dans les domaines technologiques (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) aux États-Unis.
• Travailler avec le Congrès sur un mécanisme flexible pour augmenter le nombre de visas accordés pour raison de travail, mais aussi avec la possibilité de réduire temporairement le nombre de visas pendant les périodes de chômage élevé aux États-Unis.

Cela devrait profiter à beaucoup de banques et entreprises technologiques qui emploient de nombreux travailleurs hautement qualifiés du monde entier. Biden a assuré vouloir travailler avec le Congrès à majorité Démocrates, sur ces questions. Si le Sénat reste républicain, une législation ambitieuse sur l'immigration sera plus difficile à mettre en place. Cependant, il convient de noter que toute la politique d'immigration de Trump a été imposée avec des décrets sur l'immigration, et pourrait donc facilement être annulée de la même manière.

En outre, Biden prévoit d'abroger l'interdiction de voyager imposée aux ressortissants de nombreux pays musulmans (Iran, Libye, Somalie, Syrie et Yémen) et à la Corée du Nord et au Venezuela. Cette interdiction inclue au moins certains immigrants, réfugiés et titulaires de visa d'entrer aux États-Unis.

Le retour des Etats Unis en tant qu'acteur majeur sur la scène internationale

Pour le reste du monde, y compris pour les étrangers vivant aux États-Unis, une élection Bidden-Harris signifie avant tout que les États-Unis devraient revenir en tant que partenaire plutôt qu'en adversaire sur la scène mondiale. De nombreux passages du programme du parti démocrate 2020 font référence à la reconstruction du "leadership américain à l'étranger".

L'intention du nouveau gouvernement parait clairement de rejoindre les préoccupations de la communauté internationale en tant qu'acteur clé:

"Les démocrates prendront des mesures qui ont trop tardé pour garantir que notre gouvernement ne soit pas pris au dépourvu par les menaces pour la santé publique, dans le pays ou à l'étranger. [...] Les démocrates mobiliseront également des alliés, des partenaires et des institutions internationales pour développer un public mondial plus solide et efficace Nous travaillerons pour aider l'ONU à améliorer ses efforts de facilitateur dans les crises de santé publique, et nous créerons un Conseil mondial des urgences sanitaires pour harmoniser la réponse aux crises pour les communautés vulnérables. [...] Les démocrates reconnaissent que les États-Unis ne sont pas isolés dans la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l'environnement mondial. Nous intégrerons pleinement les changements climatiques au sein de notre politique étrangère et de nos stratégies de sécurité nationale, et nous rétablirons le leadership mondial des États-Unis sur les questions climatiques."

La plus importante expérience de la carrière sénatoriale de 36 ans du président-élu Biden a été dans les affaires étrangères (ce qui a probablement conduit Obama à le choisir comme vice-président). Il a déjà annoncé que son gouvernement rejoindra l'Accord de Paris sur le changement climatique, mais cela signifie aussi qu'ils seront plus critiques avec Israël, ils soutiendront moins le processus du Brexit, mais ils auront peut-être plus de difficultés à relancer l'accord iranien sur le nucléaire, ne menaceront pas l'OTAN, etc.

Mais sur tout cela, l'objectif principal sera probablement d'abord de reconstruire la crédibilité du pays, à l'extérieur comme à l'intérieur.

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