Easy Expat - Portail de la Mobilité Internationale: travailler et vivre à l'étranger  Imprimer

MAGAZINE


https://www.easyexpat.com/fr/mag/2022/06/22/2022/06/22/france-enorme-defaite-du-president-nouvellement-reelu-aux-elections-legislatives.htm

Actualités

France: énorme défaite du président nouvellement réélu aux élections législatives



Alors que les sondages s'attendaient à ce que le président français Macron obtienne un score proche d'une majorité au nouveau parlement, avec le parti d'extrême droite de Le Pen rassemblant environ 35 députés, le résultat a été une terrible surprise pour beaucoup : le parti présidentiel est très loin de la majorité avec seulement 249 sièges et l'extrême droite a obtenu 90 députés. Le parlement semble complètement bloqué car aucun autre parti ne souhaite rejoindre les troupes d'Emmanuel Macron et un gouvernement si minoritaire semble peu susceptible de pouvoir faire quoi que ce soit. Les partis de gauche se sont remis de leurs scores d'il y a 5 ans et sont désormais la principale force d'opposition à l'Assemblée avec environ 160 sièges.



Les Français votaient dimanche dernier pour le second tour des élections législatives. Le système à deux tours signifie que les électeurs choisissent d'abord parmi tous les candidats de leur circonscription. Ensuite, seuls les deux candidats ayant obtenu le plus de voix, ou tout candidat ayant obtenu plus de 12,5 % des électeurs inscrits, peuvent se qualifier pour le second tour qui a lieu sept jours plus tard, le dimanche suivant. L'objectif est de renouveler l'ensemble des 577 députés de l'Assemblée nationale. Chacun d'eux est élu dans une circonscription, qui correspond à une partie du territoire. 539 circonscriptions sont situées en France métropolitaine, 19 dans les départements et régions d'outre-mer, 8 dans les collectivités d'outre-mer et 11 pour les Français résidant à l'étranger.

Lors de l'élection présidentielle, les partis de gauche avaient plusieurs candidats, aucun d'entre eux n'ayant pu obtenir plus de 5% des suffrages, à l'exception de Jean Luc Mélenchon (La France Insoumise) qui a recueillit près de 22% des suffrages, juste en dessous de Marine Le Pen, la candidate de l'extrême droite. et donc incapable de se qualifier pour le second tour (Emmanuel Macron a été réélu avec 58,54% des voix contre Le Pen qui a obtenu 41,46%, alors que les électeurs se sont à nouveau mobilisés pour maintenir l'extrême droite hors du pouvoir) .

Cette fois, le parti de Mélenchon (La France Insoumise - LFI) a fait alliance avec les Verts (Europe Ecologie Les Verts - EELV), les Communistes et le Parti Socialiste pour présenter des candidats uniques sous l'étiquette NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale). Le parti de Macron (La République En Marche - LREM) a de son côté fait alliance avec d'autres partis centristes (Modem), de droite (Horizon) et quelques autres sous le nom Ensemble. A côté, on comptait aussi la droite classique (Les Républicains - LR) et le parti d'extrême droite de Le Pen (Rassemblement National - RN).

L'abstention au second tour fut de 53,77%. Bien qu'il s'agisse d'un chiffre problématique, notons qu'il est légèrement inférieur à celui de 2017 où il avait atteint un niveau record de 57,36 % de non-votants.

Un désastre pour le président français à court de 40 députés pour obtenir une majorité

Dans le système électoral français, l'élection présidentielle a lieu juste avant les élections législatives et vise à donner un coup de pouce au président nouvellement élu pour obtenir une majorité confortable au parlement pour les 5 années qui suivent. Le changement fut décidé en 2002 afin de mettre fin au schéma précédent avec un président élu pour 7 ans, un parlement pour 5 ans et sur les dernières années de mandat une majorité différente, forçant de facto une cohabitation entre le président et un autre gouvernement (la plus récente étant le Président de droite Jacques Chirac, qui a servi aux côtés d'un Premier ministre socialiste Lionel Jospin de 1997 à 2002).

Tout a bien fonctionné jusqu'à... dimanche dernier. Il y a cinq ans déjà, de nombreux électeurs goûtèrent peu de devoir voter pour Macron au second tour de l'élection présidentielle afin d'éviter Le Pen. Après 5 ans de présidence jupitérienne (dans le passé, Macron a cité le dieu des dieux romains, Jupiter, comme source d'inspiration), il semble que de nombreux électeurs français n'étaient pas contents de retrouver la même situation et ont décidé de le faire savoir lors des élections législatives.

En 2017, le parti de Macron LREM avait obtenu 308 sièges et 350 avec ses alliés du Modem (42 sièges). Il était bien au-dessus de la majorité absolue de 289 sièges, et donc avec la possibilité de ratifier n'importe quelle loi sans nul besoin de compromis. Les Conservateurs avaient 136 sièges (112 LR +18 UDI + 6 autres) et les partis de gauche 81 (PS 30, LFI 17, Communistes 10, autres 24), le reste réparti entre le RN et autres extrême droite (Parti de Le Pen - 8 sièges et 2 autres).

La situation est complètement différent en 2022. Le groupe du président Macron n'a obtenu que 249 sièges (tous ses alliés confondus, Ensemble + 4 Centre), l'alliance de gauche de Mélenchon a obtenu 164 sièges (142 Nupes pouvant s'ajouter aux 10 régionalistes et 12 autres à gauche), les conservateurs ont obtenu 74 sièges (LR/UDI+ droite) et le parti d'extrême droite (RN + 1 nationaliste) a obtenu 90 sièges. [*]

Dans le détail, au sein du groupe Ensemble, 121 membres sont issus de Renaissance (ex-LREM), 47 due Modem et 42 d'Horizons alors qu'il y avait 308 députés LREM en 2017.

Comparison in seats of 2017 and 2022 parliament results

[*] NB : Le calcul peut varier légèrement en fonction de l'endroit que vosu consultez. Avant les élections, il y avait déjà eu une polémique car le ministère de l'Intérieur refusait de regrouper en une seule entité NUPES l'alliance de gauche qui présentait en un seul groupe les votes pour le groupe de Macron. Une décision de justice a forcé le ministère à agglomérer les résultats. Cependant, ils ne comptent toujours pas comme NUPES certains des candidats soutenus par l'alliance de gauche, bien qu'ils siégeront avec eux dans la nouvelle assemblée, en particulier les législateurs d'outre-mer. Afin de présenter un graphique simple, nous avons choisi d'additionner les différentes forces en groupes plus larges (le parti communiste a déjà dit qu'il formeront un groupe de plus de 15 députés puisque des régionalistes les rejoindront). Par exemple, le ministère de l'Intérieur n'affiche que 131 députés pour la NUPES, tandis que 20 Minutes en annonce 137, Le Monde en affiche 142 et La Croix compte 150 sièges. Le quotidien français Libération explique aussi le choix de recalculer les chiffres fournis par le Home Office.

C'est la première fois qu'un président nouvellement élu est si loin d'obtenir une majorité au parlement juste après son élection. Le seul cas précédent dans l'histoire de la France est celui de François Mitterrand en 1988 mais il n'était qu'à 13 d'avoir une majorité avec le parti socialiste uniquement, et pouvait compter sur l'appui des 25 députés communistes, ce qui lui qui lui donnait 300 sièges, au-dessus de la majorité à 288. Pourtant, le Premier ministre de l'époque eu des moments difficiles et a dû utiliser une législation spécifique (appelé 49.3) pour passer de nombreux votes. Cela montre à quel point la tâche semble désormais impossible.

Bien que Macron se soit souvent présenté comme un homme du centre (le "en même temps" de gauche et de droite) lors de sa première campagne en 2017, il s'est rapidement déplacé vers la droite par la suite. Ses deux Premiers ministres sont issus du parti Les Républicains, et nombre de ses politiques (baisse des aides sociales, baisse de la taxation pour les hauts revenus, élargissement des possibilités de licenciement, durcissement des conditions d'indemnisation du chômage... etc) sont des marqueurs de droite.

Le groupe Ensemble est déjà une alliance de son propre parti avec des partis de centre droit et des députés transfuges passés de la droite. La droite (LR+UDI) a déclaré être clairement dans l'opposition et ne pas vouloir faire de coalition. Même si, sur des lois spécifiques, un gouvernement pourrait obtenir les votes de partis de droite, il est probable que certains des députés les plus à droite (Eric Ciotti par exemple) refusent de se joindre au vote, et au sein du parti de Macron, certains de ses membres plus modérés pourraient être mécontents d'une telle décision et décider de partir.

Une autre option serait que Macron négocie des votes avec le parti d'extrême droite, mais cela projetterait la politique dans un territoire complètement inconnu avec des situations qui étaient encore impensables il y a encore quelques mois.

Chaos est le mot régulièrement utilisé par les médias dans le monde pour décrire la situation

Les résultats du 19 juin vont profondément impacter l'avenir de la démocratie française selon de nombreux journaux dans le monde. La responsable du bureau de Paris pour The Economist parle d'une "catastrophe". Le correspondant allemand à Paris de Der Spiegle a twitté sur "le tremblement de terre politique en France". Il Corriere della Sera parle d'une "dure défaite pour le président". Un autre quotidien italien, La Stampa, a écrit : "Macron s'effondre, la France ingouvernable".

Buongiorno! Ecco la prima pagina di oggi, 20/06/2022. Gli aggiornamenti su https://t.co/x3RjqbUITw https://t.co/TrufckcUaw pic.twitter.com/zkNCxfJe8l

— La Stampa (@LaStampa) June 20, 2022

L'Allemagne ayant une longue tradition de travail parlementaire avec de larges coalitions, le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, écrit que c'est une défaite pour le style de gestion de Macron :

"Il a pris des décisions, seul, aux côtés d'un petit cercle de fidèles. Il n'a pas tenu sa promesse électorale de renforcer l'Assemblée nationale. Ce style de leadership a été sanctionné."

Au Royaume-Uni, la BBC a écrit :

"Nombreux sont ceux qui ont le sentiment que M. Macron a été l'artisan de ses propres problèmes. [...] Oui, il a gagné cinq ans de plus - mais l'histoire des seconds mandats sous la Ve République n'a jamais été heureuse."

Emmanuel Macron a chastened and greatly weakened leader https://t.co/9fUdf6aNHG

— BBC News (World) (@BBCWorld) June 19, 2022

La France est en "territoire inconnu" dit El Pais. Le quotidien espagnol a également écrit:

"Le pays a une alternative : soit apprendre la culture du consensus – exotique dans son système présidentiel – soit être condamné à être ingouvernable"

Aux Etats-Unis, le Washington Post souligne "l'un des pires résultats pour un président français".

Sur Twitter, l'ancien candidat présidentiel américain à la Primaire, Bernie Sanders, a déclaré :

In the French elections, given the choice between progressives who want to increase taxes on the rich, or right-wing extremists who are viciously anti-immigrant, the pro-business "centrist" party of Macron just couldn't make a choice. There's a lesson to be learned here.

— Bernie Sanders (@SenSanders) June 20, 2022

Cependant, il semble effectivement qu'un choix a peut être déjà été fait.

Un jeu dangereux joué par Macron, avec l'aide des médias

Depuis le début, Macron joue l'extrême droite de Le Pen pour lui assurer des élections faciles. Il fut très critiqué dès après le premier tour présidentiel en 2017 pour avoir organisé une grande fête avec ses partisans dans un café-restaurant à Paris pour célébrer la résultat, comme s'il s'agissait d'une victoire, sachant qu'il gagnerait facilement contre Le Pen au deuxième tour.

En février 2021, son très droitier eministre de l'Intérieur, Gérard Darmanin, avait qualifié Le Pen de "trop ​​molle". Lors de la campagne parlementaire, l'une de ses principales ministres, Amélie de Montchalin, a qualifié l'alliance des gauches (NUPES) d'"anarchie, désordre et soumission", et justifiant des "idées antisémites" de la NUPES comme motif de rejet sur le même plan entre l'alliance des partis de gauche (dont les Verts et le Parti socialiste) et les candidats d'extrême droite de Le Pen.

Quelques jours auparavant, Emmanuel Macron invitait les Français à lui donner une majorité "solide" (c'est-à-dire la majorité absolue) et disait "aucune voix ne doit manquer à la République", sous-entendant que tout autre parti que le sien n'était pas républicain.

Christophe Castaner, ancien ministre de l'Intérieur de Macron a déclaré que "le programme de la NUPES, c'est tous les clichés du monde soviétique" et un "concentré d'extrême-gauche". Olivier Veran, ancien ministre de la Santé de Macron disait : "Jean Luc Mélenchon n'est pas de gauche, il est d'extrême gauche".

Aurore Bergé, ancienne députée du parti conservateur et aujourd'hui chef de file du groupe Macron au parlement, a expliqué le 20 juin qu'il était difficile de choisir le candidat le plus républicain entre le parti de Mélenchon (citant le député LFI François Ruffin, connu pour notamment pour avoir porté au parlement, il y a deux ans, une loi pour améliorer les conditions de travail des femmes de ménage) et des candidats d'extrême droite.

Une autre députée de Macron, Céline Calvez, a expliqué que "quand on aura besoin d'une majorité et si c'est bon pour les Français, on aura les voix du Rassemblement national" (RN = parti d'extrême droite de Le Pen).

Le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, a clairement évoqué la possibilité de travailler avec l'extrême droite au parlement.

Beaucoup de médias ont été complaisants avec l'extrême droite pendant des années

Eric Zemmour, candidat à la présidence avec une émission centrée sur le danger de l'islam et la nécessité d'arrêter l'immigration avait son propre talk-show à la télévision jusqu'à très récemment. En 2021, il déclarait sur CNews à propos des jeunes migrants : "Ils n'ont rien à faire ici, ce sont des voleurs, ce sont des assassins, ce sont des violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et ils ne doivent même pas venir [ ..] tous!". La télé a gardé le futur candidat encore de longs mois dans son émission. La même chaîne diffuse également quotidiennement une émission obsédée par les musulmans, répandant le scepticisme sur le réchauffement climatique, véhiculant des idées racistes, la misogynie, etc.

En plus de particulièrement relayer les thèmes de l'islamophobie et les sujets anti-immigrés, un autre moyen d'affaiblissement des gauches est de les qualifier d'extrême gauche. Jusqu'à récemment, de nombreux journalistes parlaient ainsi d'extrême gauche en pointant vers Mélenchon, en opposition à la gauche de gouvernement (c'est-à-dire socialiste) qui serait beaucoup plus modérée (c'est oublier que Mélenchon était dans un gouvernement socialiste en 1997-2002 et membre du parti socialiste pendant plus de 3 décennies). Le problème est que la plupart de la gauche dite modérée a été critiquée pendant la présidence de François Hollande pour avoir trahi ses valeurs, ce qui a conduit le président socialiste à renoncer à être candidat pour un deuxième mandat il y a cinq ans. En fait, la plupart de la gauche "modérée" a rejoint Macron en 2017 avec ce qui est devenu très rapidement un programme ... de droite.

Ainsi, lorsque les médias qualifient Mélenchon d'extrême gauche (le célèbre commentateur Alain Duhamel, qui interviewe de grands politiciens depuis les années 70, a ainsi déclaré « bien sûr qu'il est d'extrême gauche ! »), ils sous-entendent également que hors Macron et la droite classique, les autres ne seraient que des extrêmes... Sur la base de cette perception, le choix devient soit entre une dictature douce d'un seul parti, soit cela signifie que les extrêmes ne sont pas si dangereuses et donc pourquoi ne pas essayer l'extrême droite de Le Pen ?

L'importance de la sémantique : Mélenchon est-il d'extrême gauche ?

Même des journalistes étrangers de journaux habituellement considérés comme modérés, ont relayé cette même propagande. Dans le journal britannique Independent, Denis MacShane sous-entend qu'avec Macron au milieu, ses adversaires de gauche et de droite sont égaux et ont des valeurs similaires :

"Les deux principaux rivaux de Macron - Marine Le Pen de l'extrême droite anti-européenne et pro-Poutine ; et Jean-Luc Mélenchon de l'extrême gauche anti-européenne et pro-Poutine".

Anti-européen, pro-Poutine et d'extrême gauche sont exactement les qualifications données par ses opposants politiques et de nombreux médias de droite pour disqualifier le leader de gauche. En réalité, alors qu'il parlait d'abord de réformer l'Europe, ou de partir s'il n'y parvient pas, ce n'est plus le cas. Sur Poutine, il a accordé une longue interview au média Youtube Thinkerview où il réagit avec véhémence :

"[Les médias] ont décidé que j'étais pro-Poutine, ce qui est tout simplement incroyable. Je suis le seul qui est allé rendre visite à un opposant à Poutine ; le seul qui n'était pas d'accord lorsque Poutine a été invité [par Macron] à Versailles. Ce n'est pas moi qui l'ai invité à Brégançon [la résidence de vacances du chef de l'Etat], c'est Macron ; c'est pas moi qui l'ai invité à la mairie de Paris, c'est Mme Hidalgo [maire de Paris]"

Enfin et surtout, la qualification "extrême" est utilisée pour montrer la similitude avec la position du parti de Le Pen à l'extrême droite.

La notion de gauche et de droite est typiquement française puisqu'elle désigne les représentants qui se sont rangés à gauche du président de l'Assemblée le 11 septembre 1789 pour refuser le veto du roi. Le dictionnaire français Larousse donne une définition précise de l'extrême gauche :

"Extrême gauche : ensemble des mouvements situés à gauche des partis communiste et socialiste, récusant la démocratie parlementaire libérale et prônant la révolution totale."

Pas vraiment ce qu'est le parti de Mélenchon, et maintenant son alliance avec les communistes, les verts et les socialistes, qui a toujours joué dans les règles démocratiques, lui-même trois fois candidat à l'élection présidentielle, sénateur puis député européen pendant près de 30 ans et finalement député français pendant les 5 dernières années.

Dernièrement, vous pouvez trouver beaucoup d'articles montrant que c'est un non-sens (Huffington Post,). Dans un article détaillé, Carn.info explique que Mélenchon a toujours refusé d'être étiqueté d'extrême gauche (voir ici et en 2018), et écrit :

"Mélenchon n’a rien d’un « gauchiste » : entre 1997 et 2002, il a soutenu inconditionnellement la « gauche plurielle » au pouvoir. Même s’il la critiquait mezzo voce, il lui était assez attaché pour devenir ministre délégué à l’Enseignement professionnel entre 2000 et 2002, défendant ce qu’il estimait être le « gouvernement le plus à gauche du monde ». ".

En 2016, Julien Charenton écrivait à propos du parti de Mélenchon :

"Le [parti] ne fait donc pas partie de « l’extrême gauche », et cette manière de le qualifier que de nombreux médias utilisent est totalement inadéquate. Il est d’ailleurs intéressant de s’interroger sur l’impact (volontaire ou non) qu’a le terme « extrême » sur les citoyens et sur leur vision de la politique. Un parti taxé « d’extrême » perd facilement de la popularité auprès des électeurs, aussi bien auprès des modérés que des indécis, dans la mesure où ce qualificatif conduit rapidement un certain nombre de citoyens à repenser aux dictatures, de gauche ou de droite, et à leurs horreurs, ce qui les incite à se détourner du parti en question. En outre, le terme « extrême » a pour effet immédiat de décrédibiliser le parti ainsi désigné, tant le mot associe au parti l’idée de ne pas se soucier de la « réalité », de faire des promesses intenables et d’être le contraire d’un parti de dirigeants « pragmatiques".

Il explique qu'en 2016 déjà, Sarkozy et la droite ont tenté de faire une comparaison similaire entre le parti d'extrême droite de Le Pen et le parti de gauche de Mélenchon.

Et maintenant?

En l'absence de majorité et de coalition officielle avec suffisamment de députés des partis de droite LR et UDI pour pouvoir voter, pensant même à demander à l'extrême droite de les soutenir, il semble probable que le gouvernement français va demeurer bloqué un certain temps.

Il y a en fait principalement deux possibilités : Le président français peut décider de dissoudre le parlement et de convoquer de nouvelles élections mais seulement une fois par an. Mais pour l'instant, le faire dans les mois à venir risque de générer un résultat encore plus désastreux pour les soutiens d'Emmanuel Macron.

Ils pourraient essayer, au moins pendant un certain temps, de faire adopter certaines lois avec l'aide des partis de droite et d'extrême droite. En théorie, réduire les impôts pour les hauts revenus, remonter l’âge de la retraite, réduire les services publics et supprimer les aides de l'État-providence perçues comme attirant les migrants devraient leur plaire.

En mai 2019, la Belgique a mis 21 mois avant de pouvoir former un nouveau gouvernement. La France aura-t-elle besoin de plus de temps ?


Partagez votre expérience, participez à la discussion et laissez des commentaires sur notre forum ICI.



 Auteur: Cyrilexpat |  2022-06-22 16:51:59


Retour à la page précédente.