Le Québec veut accueillir plus de migrants pour pallier ses pénuries de main-d'œuvre



Publié le 2022-01-11 16:07:47
Flags Quebec, Montreal - Photo by Jeremy Bezanger on Unsplash

Le gouvernement du Québec veut inciter davantage d'étrangers à s'installer dans la province canadienne en facilitant le processus d'immigration et concentre également ses efforts sur les résidents locaux en offrant des incitations financières pour se former à des emplois dans des secteurs en forte demande.

Les confinements récents et les frontières fermées au cours des deux années de pandémie mondiale ont créé une grave pénurie de main-d'œuvre dans la province canadienne de Québec. À la fin de l'année dernière, le gouvernement local a dévoilé une allocation massive de 3,9 milliards de dollars sur cinq ans pour encourager plus de 170 000 employés à entrer sur le marché du travail pour remédier à la pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs précis. Le Premier ministre espère également augmenter l'immigration économique en 2022, ce qui est une bonne nouvelle pour de nombreuses entreprises et commerces locaux gravement touchés par la pénurie de main-d'œuvre.

Les effets de la pandémie sur l'immigration et pénurie critique de main-d'œuvre

Les douze premiers mois de la pandémie et les restrictions de voyage liées ont forcé le Québec à suspendre près de 18 000 demandes d'immigration en 2020. Ce nombre s'ajoutera à l'objectif 2022 d'acccueillir entre 49 500 et 52 500 immigrants, ce qui pourrait représenter près de 70 000 demandes. Ce nombre de nouveaux migrants comprendra environ 7000 réfugiés et plus de 10 000 personnes incluses dans le processus d'immigration pour raison familiale. Cela signifie qu'environ 65% devraient être des migrants économiques (une augmentation de 6 points par rapport aux objectifs de l'an passé).

Cette nouvelle proposition d'accepter plus d'immigrants économiques dans les années à venir est bien accueillie et appréciée par de nombreuses entreprises, en particulier les petites entreprises qui sont profondément touchées par les pénuries de personnel.

Actuellement, le Québec compte quelque 20 000 postes vacants uniquement dans les commerces, selon le directeur général du Conseil québécois du commerce de détail. De nombreuses entreprises sont incapables de répondre à la demande alors que l'économie reprend, et les pénuries de personnel les obligent à renoncer à des opportunités de croissance.

Un salon de l'emploi tenu à Montréal en octobre dernier a vu de nombreux employeurs chercher à combler leurs nombreux postes vacants dans leur entreprise. Plus de 200 entreprises étaient représentées dans divers secteurs tels que l'informatique, l'ingénierie, le commerce de détail, la santé, les services sociaux, les transports, etc. Il s'agissait du vingt-deuxième événement du genre et, selon les organisateurs, c'était celui qui regroupait le plus de participants depuis sa création.

Le secteur manufacturier connaît également de grandes pénuries de main-d'œuvre et pense aussi que sa croissance serait facilitée par plus de personnel. Les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) ont proposé d'autres recommandations pour augmenter le nombre d'immigrants dans le secteur manufacturier. Celles-ci incluent :

  1. Accélérer le processus d'immigration en plus d'augmenter la limite du nombre de migrants acceptés annuellement
  2. Réduire le délai de traitement de l'immigration à 18 mois pour attirer plus de candidats, ce qui est également conforme aux autres provinces canadiennes
  3. Établir un programme pilote d'immigration permanente spécifiquement pour l'industrie manufacturière afin d'accélérer la transition de l'immigration temporaire à la résidence permanente pour les candidats employés dans l'industrie manufacturière
  4. Établir des missions de recrutement internationales dans d'autres pays francophones pour attirer des travailleurs des secteurs à forte demande au Québec.

La pression monte pour accepter ces migrants comme résidents permanents en 2022 afin de faire face aux pénuries croissantes de main-d'œuvre que connaît la province. Conformément à la législation, l'immigration est une compétence partagée entre les gouvernements provinciaux du Québec et le gouvernement fédéral d'Ottawa. Le Québec sélectionne les immigrants selon ses propres critères et exigences. Les candidats choisis reçoivent ensuite le statut de résident permanent du gouvernement fédéral pour vivre et travailler au Québec.

Cependant, les critiques craignent que les migrants économiques aient la préférence pour immigrer au Québec au détriment du nombre de réfugiés acceptés.

L'accent porté sur des secteurs spécifiques pour l'immigration

Le gouvernement du Québec croit que la stratégie d'augmentation de la main-d'œuvre dans la province permettra d'accommoder une économie en forte croissance et de compenser le fait que la population de travailleurs locaux diminue, provoquant un nouveau vide sur le marché du travail, notamment dans certains secteurs clés.

Certains secteurs comme les secteurs de la santé et les services sociaux, qui comprennent l'éducation, la garde d'enfants, la santé mentale et la protection de la jeunesse, bénéficieront d'une attention privilégiée lors du traitement des demandes d'immigration. Le gouvernement cherche à accueillir environ 60 000 candidats qualifiés dans ces secteurs au cours des prochaines années.

Ils pensent que cet afflux de personnel permettra non seulement de remédier aux pénuries, mais également d'améliorer les conditions de travail, l'organisation du travail et servira à améliorer la rétention du personnel.

Des bourses pour attirer plus de travailleurs locaux

Dans le but d'augmenter le nombre de travailleurs de la population locale, le gouvernement envisage également d'investir dans des programmes qui aident les habitants à développer leurs compétences grâce à l'enseignement supérieur. Ces programmes comprennent un soutien financier et des options de travail en alternance afin d'attirer les travailleurs qui souhaitent améliorer leur qualification.

Ces efforts d'enseignement sont concentrés dans les secteurs des services publics essentiels. L'objectif est d'augmenter le nombre de diplômés dans certains domaines importants et de les employer en tant qu'analystes, programmeurs informatiques, ingénieurs et technologues en ingénierie, infirmières de toutes spécialités, inhalothérapeutes, travailleurs en santé mentale, travailleurs sociaux, éducateurs du primaire et du secondaire, ainsi que dans les aides à la personne et l'éducation de la petite enfance.

Les résidents locaux qui sont inscrits dans ces secteurs importants peuvent recevoir des bourses allant de 9 000 CA$ à 20 000 CA$ selon le cours auquel ils se sont inscrits et le niveau (collégial ou universitaire) du cours choisi. Les étudiants universitaires sont éligibles pour recevoir les bourses les plus importantes. Tous les étudiants peuvent demander des bourses au début de l'année universitaire en 2022.

Une autre mesure prise par le gouvernement pour attirer des travailleurs dans les secteurs à forte demande consiste à offrir une allocation de 475 CA$ aux chômeurs s'ils s'inscrivent à des formations pour les secteurs qui manquent de main-d'œuvre.

Le gouvernement du Québec hésite à augmenter l'immigration

Ce plan axé sur l'éducation et la formation vient en réponse aux frustrations croissantes dans les secteurs dont la croissance économique est au point mort en raison du manque de personnel.

Le gouvernement de François Legault a été élu en 2018 avec l'engagement de réduire l'immigration, arguant que le niveau dépassait sa capacité d'intégrer les migrants. Bien qu'ils aient été contraints d'augmenter régulièrement le nombre d'immigrants depuis leur arrivée au pouvoir en 2018, le gouvernement du Québec plaide maintenant pour se limiter à 50 000 immigrants pour 2022. Selon lui ce plafond est plus conforme aux standards internationaux vus dans d'autres pays comme les États-Unis et la France. Ils affirment aussi que 50K est la capacité maximale d'intégration des immigrants en ce qui concerne l'apprentissage de la langue française.

Cela a suscité de vives critiques de la part de certains dirigeants de l'industrie qui pensent qu'il s'agit d'une vision à très court terme, car cela freinera la croissance économique et n'est pas une très bonne façon de planifier l'économie de la province pour l'avenir. Certains entrepreneurs pensent ainsi que le coût des pénuries de personnel à long terme entraînera moins d'innovation, moins de recherche et moins de croissance dans le secteur, ce qui entraînera un retard de croissance économique de la province dans le futur.


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Rubrique:
Travail

Auteur: KashGo
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