A l'automne 2012, la sonnette d'alarme a retenti un peu partout sur l'avenir d'un des plus grands symboles de la construction européenne : le programme d’échange d'étudiants européens Erasmus. Crise oblige, les dépenses devaient être réduites de 4 milliards d'euros, alors même que le nombre d'étudiants participant à Erasmus croit toujours.
Et c'est peu dire que les nouvelles de possibles difficultés de cette réussite européenne se sont propagées comme une trainée de poudre : "L'Auberge Espagnole, c'est peut-être bientôt fini" (Express), "Erasmus passe son année, mais après ?" (Libération), "Erasmus victime de la crise" (Metro), "Erasmus menacé de faillite" (Le Figaro).
Ce système qui vient de fêter ses 25 ans, immortalisé par le film
l'Auberge espagnole de Cédric Klapisch, permet à des jeunes de partir
entre trois et douze mois à
l'étranger lors de leur cursus. Près
de 3 millions d'étudiants en ont bénéficié, et le nombre d'étudiants
intéressés augmente de 5 à 6% chaque année. La France a ainsi envoyé 30
000 étudiants à l'étranger (principalement en Allemagne, Espagne et
Royaume-Uni) et en a reçu 28 000 en 2010. Chaque étudiant reçoit une
bourse de 110 à 180 euros selon la destination et la provenance (en 2010-2011, le montant moyen de la bourse mensuelle accordée par l’UE
au titre de la mobilité était compris entre 133 € pour les étudiants
espagnols et 653 € pour les étudiants chypriotes). Tous pays confondus,
le montant moyen s’élevait à 250 €. Erasmus fait partie du programme de l’UE pour l’éducation et la
formation tout au long de la vie (programme EFTLV), dont il représente
plus de 40 % du budget. Le programme EFTLV comprend trois autres
sous-programmes: Leonardo da Vinci (pour l’enseignement et la formation
professionnels, au moins 25 % du budget), Comenius (pour l’enseignement
scolaire, au moins 13 % du budget) et Grundtvig (pour l’éducation des
adultes, au moins 4 % du budget).
Pour la période budgétaire actuelle (2007-2013), l’UE a alloué 3,1 milliards € au programme Erasmus. En 2012, le budget du programme est de 480 millions d’EUR et il est estimé à 490 millions d’EUR pour 2013 (voir le tableau ci-dessous). Cela représente environ 0,35 % du budget de l’UE. La Commission européenne a demandé cet automne une rallonge substantielle de 8,9 milliards d'euros pour continuer à financer différents programmes, dont celui-ci. Dans un communiqué publié le 27 novembre 2012, la Commission européenne livrait sa vision de l’avenir : si elle restait optimiste pour la fin 2012 (70 % des financements du programme pour l’année universitaire 2012-2013 ont déjà été versé aux Etats participants), elle l’était beaucoup moins pour l’année à venir alors qu’environ 270 000 étudiants devaient bénéficier du programme au cours de l’année universitaire 2012-2013.
A moyen terme, Erasmus est sauvé
Elle a donc été écouté puisqu'on a appris en décembre dernier que Parlement avait donné son feu vert au projet de budget et promis une rallonge financière pour le programme de mobilité étudiante. Mais si une solution a été trouvée à moyen terme, au final seul le financement 2013-2014 a été approuvé. Or la Commission européenne a aussi proposé de fusionner l’ensemble des programmes éducatifs pour la période 2014-2020 au sein du projet "Erasmus pour Tous" qui a pour ambition de faire passer les dépenses de mobilité pour les jeunes de 0,7 % à 1,6 % du budget de l'Union Européenne.
Si la pénurie de fonds persiste, les universités et les établissements d’enseignement supérieur risquent de diminuer le nombre de places disponibles pour les années futures, ou baisser le montant des bourses, ce qui signifie que les étudiants issus de milieux défavorisés ne pourront pas participer au programme.
[source: Commission Européenne]