This Charming Man Cet homme charmant Homage modeste a John Peel (1939-2004) Ce soir, en ecoutant France-Inter, je viens d’apprendre le deces de John Peel. C’est un morceau, un pan entier de l’Angleterre qui vient de s’echouer dans la mer. C’est la BBC, la radio et la culture qui vient de perdre une institution. Si la BBC par sa richesse et diversite pouvait etre comparee a une planete, Radio 1 en etait le noyau… Et John Peel le magma. Sans lui, la British Broadcasting Corporation ne va etre plus que cela : une corporation. Molle, mais sans souplesse, antique mais sans fondation, se voulant contemporaine mais sans réel élan de modernité. Un titan attache a ses anciens programmes pour ses fideles auditeurs tout en racolant de nouveaux par les artifices des Reality shows. Un géant essouffle, sans ame, qui dans un souffle, dans cette disparition, ne reste plus qu’écorce vide. Tels ces scarabées a l’armure indestructible, qu’on imaginaient invincibles et qu’on découvrent par les chemins, morts, figes, evides. Enveloppe monumentale mais fragile, la BBC vient de saigner d’un peu plus de son suc, de son énergie vitale. L’on se rappellera de l’émission de John qui lanca (et descendit aussi) beaucoups de groupes et d’artistes. Et pas seulement dans le rock ! Si la musique était une arène il nous en fit découvrir les gladiateurs …et lacha les fauves ! Il serait trop fastidieux de se lancer dans une liste de tous les artistes qui lui doivent leur notoriete aujourd’hui. Moi je me rappelle l’écouter lorsque j’étais encore a Paris. J’enregistrais tout ! Et puis je reengistrais ces cassettes pour en faire d’autres cassettes. Par genre, par artiste, par mood, par hasard. Un master faisait cinq cassettes. Chaque cassette était ensuite revêtue d’une couverture avec au recto, les noms des artistes et titres des morceaux ; écrits au rotring ou au feutre, dans des efforts typographiques qui me prenaient des heures. Au verso, une bataille graphique; un patchwork colore d’images glanees dans les magazines et ou se démenaient aussi mes propres dessins. C’était les années 80, après le Punk, quand le collage était roi. Et comme si cela n’était pas suffisant, je voulais pas que ce ne soit pas que des cassettes, mais bien en fait des sculptures pour l’oreille. Des constructions aurales que je voulais être un jour autant de témoignages d’une époque. Car dans ces temps la de Radio FFI (radio Force Francaise Inquietes avec son emission phare : ‘Avant-guerre) et du film Malevil, la guerre froide pouvait devenir bouillante …puis aussitôt s’éteindre… en quelques secondes. C’était l’époque de ‘Live fast, die young’, il fallait se dépêcher, de tout écouter, de tout enregistrer. Et dans cet esprit de construction hâtive mais élaboree, je separais chacun des morceaux par des sons issus de publicites, des actualites, d’extraits de films : collage auditif autant que narrateur. Narrant notre époque aux futures générations. John Peel nous semblait lui aussi frénétique et mutin. Comment pouvait il passer a l’antenne tous ces types de musique aussi différents les uns que les autres. Comment pouvait il jouer le punk endiable des Dead Kennedys, puis un petit nouveau de la pop anglaise suivi d’un tango argentin d’un artiste des annees 30. C’etait ca, John Peel, il faisait ce qu’il voulait ; pas d’épingle de nourrice pour lui, c’était lui l’épingle, la punkitude il ne l’hexibait pas, il la vivait ! Mais s’il etait rebelle ; c’était un rebelle placide, un révolté pépère. Il évoquait souvent sa mère a l’antenne ainsi que sa femme Sheila qu’il appelait affectueusement Moonface. C’était un homme simple qui pouvait interviewer Robert Smith pendant une demi-heure et parler de son boucher quelques minutes après. Et c’est justement cette bonhomie qui nous déroutait mais en fait expliquait sa personnalité ; mélange d’érudit curieux, d’innovateur du rock et père de famille. Tout cela lui donnait cette ouverture d’esprit, cette avidité de découverte et cette fausse placidité. Car si des artistes voulant produire leurs sons sur Radio s’avéraient trop nuls, il diffusait leur bruit, nous faisant scientifiquement constater qu’il y a en effet, des sonorités insupportables que l’oreille humaine n’a encore découverte. Apres ces distorsions ou une mélodie terne, John éructait deux, trois mots sobres comme : ‘ben oui, vous venez d’entendre, mmmhh, je vous l’ai dit au début, bref, passons maintenant a …’ et ils descendaient en flèche immédiatement, avec plus de rapidité que ne l’eut produite un article acerbe dans le New Musical Express. Grâce a John Peel, leur carrière était réglée (comme sur du papier musique) avant même que d’avoir démarré. Quel dommage que des Gens tels que Boyzone ou Madonna n’aient pas soumis leur maquette a Mister Peel ; l’on vivrait maintenant dans un monde s’il ne fut plus sécurisant du moins plus élégant ! Je me rappelle, John, du jour ou je t’ai rencontre au festival de Reading et que je me suis avance pour te serrer la main… Au loin, attendris, mes amis et ma petite amie me voyaient l’approcher semblant plus heureux et fébriles que moi. Je le saluai donc et le remerciai de tout le travail qu’il avait accompli puis lui demandai comment il faisait pour collecter toutes ces œuvres aussi diverses. Il me l’expliqua avec precistie, c’est a dire une réponse entière faite de précision mais limitée par la modestie. Il me sembla en tout cas tout aussi touche que je l’etais moi-meme de la gratitude que lui portait un auditeur. Il n’afficha nullement cette distance qu’exhibent d’habitude les ‘stars’ des média. Il me parla comme il eut parle à Robert Smith ou a son boucher. Et puis un client content ça fait toujours plaisir. Je pourrais épiloguer par quelques formules telles que : ‘Nous avons perdu, John Peel, etc’. Mais non, aujourd’hui ce deuil collectif, cette tristesse en masse, je n’y prendrai pas part. Qu’ils déclament donc leurs oratoires, leurs anecdotes, presses sous une petite pluie tombant d’un ciel gris, faux cul et médiatique. Qu’ils suivent leur cortège de réminiscences décousues et de témoignages vrais ou faux. Qu’ils étalent donc leur science et leurs listes de ceux qui grâce a lui, devinrent des artistes… puis ensuite des vedettes produisant une bouillie pop et des best of. Car contrairement a John Peel, je suis un snob, et c’est avec un egoisme et une intolérance pierresque que je m’accapare ma peine. Egoistement ce soir, j’ai perdu un compagnon de collage, un collegue de dessins et typo format K7. Aussi et surtout un camarade, dans le dur mais tranquille combat de l’art, de la compilation et de l’excentricité. Farewell my old friend.
Ouais bof...tout le monde il mord...et les petits irakiens tortures par les soldats anglais sodomites...on en fait pas un fromage. Moi de toutes les facons, je n'ecoute pas la radio ! D'ailleurs je crois que je n'en ai meme pas dans mon "home" anglais. Enfin c'est vrai que j'aurai prefere que ce fut ce cretin de Bertand Le Noir qui passe l'arme a gauche et pas Papy pile...et Emma Peel ? Elle etait de la famille? Bien le bonjour. Fragole